Je prends des médicaments tous les jours pour le reste de ma vie

Ma santé pis moi-même, on est comme dans une relation compliquée depuis longtemps. T’sais, le genre de relation qui ne finit plus de finir pis de revenir pis de repartir pis de se repointer pour mieux s’en aller après et r’venir faire un p’tit coucou une fois de temps en temps. Des fois, on vit même de longs froids qui semblent s’éterniser, comme si elle sacrait son camp en voyage sans même daigner me donner des nouvelles. Ça fait déjà une bonne vingtaine d’année que c’est comme ça, plus précisément 24. Ce qui est cool parce que j’ai 27 ans. J’ai vécu le rêve jusqu’à mes trois ans, youpidou!
Prendre des médicaments pour le reste de ses jours
Sans blague, ma situation n’a pas exigé une prise quotidienne de médicaments avant mon adolescence. J’ai été diagnostiquée avec une maladie chronique dans une oreille, puis avec de l’hypothyroïdie, puis avec d’autres affaires reliées à ma santé physique et mentale. J’ai rapidement compris que les pilules venaient en combo avec tout ça, sans que je puisse réellement faire un choix.
Aujourd’hui, je dois prendre 9 comprimés par jour, à trois moments différents : 5h30 AM (merci je suis lève-tôt), 8h30 et 18h. Je vis très bien avec la situation, mais je dois dire que ce fut difficile pour moi d’accepter cette prise de médication, à cause de ces idées négatives qu’on nous projette socialement.
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La pression sociale pis les conseils non-sollicités
J’avais la forte impression de choisir une option facile, d’être faible et lâche. De me bourrer de choses pas naturelles, full chimiques et toxiques. Je me demandais pourquoi les trucs donnés par tout le monde ne fonctionnaient pas pantoute pour moi. T’sais les trucs du genre :
« Va prendre une marche et respire l’air frais profondément. »
« Fais du sport. »
« Fais du yoga. »
« Bois des smoothies verts. »
« Arrête d’y penser. »
Par chance (et après avoir bu quatre cent litres de smoothie vert sans succès), j’ai finalement compris que ces phrases magiques n’étaient pas des trucs, mais plutôt des façons de culpabiliser les personnes qui prennent de la médication. Ça peut évidemment être bénéfique pour certaines personnes si elles apprécient le tout, mais ce n’est pas vrai qu’il s’agit de remèdes. Ces phrases sont généralement présentes pour les maladies et les troubles invisibles à l’oeil a.k.a. tout ce que j’ai. #JeVeuxUneMédaillePlease
Les maladies et les préjugés
Pourquoi alors, on ne dit pas ça aux personnes qui ont une pneumonie ou un cancer? Parce que leur maladie sont plus vraies que les autres qu’on ne voit pas?
Ouin, c’est malheureusement parce qu’on baigne encore en plein dans ces préjugés, même sans en avoir conscience.
Les troubles qui ne sont pas visibles sont banalisés et invalidés, et le shaming entourant la prise de médicament est très puissant.
Pourtant, tout le monde doit comprendre et savoir que chaque situation est différente. Ce n’est pas vrai que la prise de comprimés est à condamner. Pour plusieurs personnes, comme c’est mon cas, elle est obligatoire à la survie. Je n’ai pas ce choix qui s’offre à moi, et ce n’est pas du tout une question de faiblesse et de manque de volonté.
La seule et unique raison pour laquelle j’ai trouvé ça difficile d’accepter cette prise quotidienne est basée sur ces jugements. Parce que dans les faits, toutes ces pilules améliorent énormément ma qualité de vie et me permettent de fonctionner au quotidien, je le ressens à tous les jours.
Alors si jamais ta situation nécessite un traitement ou qu’un.e professionnel.le de la santé te parle d’une médication à essayer, n’oublie jamais que tu as le droit de le faire sans te culpabiliser.
Personne n’a le droit de te juger pour toutes ces choses qui te concernent, pour tout ce qui est entrepris pour favoriser ta santé et ton bien-être.
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